Pour tous
L’Artsolite est l’histoire une superbe réhabilitation. Ancienne usine dédiée au tissage,..
.. le lieu (qui était dans un état de délabrement avancé) a été entièrement repensé et rénové pour ouvrir en mai 2023. L’Artsolite est désormais un lieu culturel, mais un lieu culturel insolite et atypique. Pourquoi ? Il rassemble plusieurs projets : 3 salles d’exposition dédiées aux arts plastiques et à l’art populaire ; un bar-restaurant ; une boutique d’art ; une salle pour les séminaires, un lieu de résidence pour les artistes et un jardin splendidement planté, longé par un canal, dérivé de la rivière La Lyonne qui traverse Saint-Jean en Royans. « Nous voulions créer un lieu de vie. Chaque endroit appelle à visiter l’autre », explique Mathieu Lourmas
directeur adjoint de L'Artsolite.
L’origine du projet
« C’est en 2016 que Christian et Martine Morin rachètent l’ancienne usine », raconte Mathieu Lourmas. « Ils étaient tous les deux attachés à l’usine qu’ils avaient fréquenté plus jeunes alors qu’elle était encore en activité. En plus de leur activité professionnelle, le couple est extrêmement investi sur leur territoire. Christian Morin est maire de Saint-Jean en Royans et conseiller départemental de la Drôme et Martine Morin, très engagée dans le monde associatif. Ils rencontrent le trio composé de Jean-Patrick Bouvard, responsable communication dans une start-up et artiste-plasticien, Jérôme Carballo, artisan-traiteur, et Mathieu Lourmas, professionnel de l’éducation populaire, dont l’idée était de monter un projet culturel et gourmand sur le territoire. La rencontre fait mouche. Ensemble, ils dessinent l’Artsolite. « Nous voulons toucher un public le plus large possible, dont les familles. Dans nos choix d’exposition, nous sommes vigilants. Les œuvres doivent être accessibles, parfois immersives, ludiques. C’est pour cela que nous ouvrons aussi notre lieu aux arts populaires comme le cinéma, la bande-dessinée, les jeux vidéo. Nous souhaitons être au croisement des cultures ».
Une salle aux espaces modulables
Le cabinet d’architectes lyonnais Gauthier et Conquet a donc travaillé avec l’équipe à la reconstruction de l’usine et au parc paysager de 7000m2. La grande salle principale de 340 m2 est un vaste espace ouvert et lumineux, à la toiture coiffée de 7 sheds, ces «
Dents de scie », si caractéristiques des usines d’autrefois, sheds qui permettaient d’apporter de la lumière naturelle aux ouvriers à l’intérieur. La décoration frappe d’emblée. Les touches de couleurs sont apportées par des petits cônes en bois colorés, qui rappellent les bobines de fil utilisées autrefois dans le lieu. « Le comptoir a été créé par la designeuse lyonnaise Sara de Gouy». Tout le mobilier est modulable, nos meubles sont sur roulettes. De fait, autour du bar, on trouve un espace « salon », un espace lecture pour les plus jeunes avec un meuble bibliothèque qui peut se transformer en estrade. La banque d’accueil est au centre, avec le restaurant/bar sur la droite et la boutique sur la gauche. « Nous avons le plus possible fait appel à des entreprises locales pour la rénovation du bâtiment ; Et même pour l’approvisionnement des denrées du restaurant, nous essayons de travailler avec les producteurs du territoire », poursuit Mathieu Lourmas, passionné par le projet.
Le comptoir aux bobines multicolores
Le comptoir de 18 mètres de long est certes une réussite : il attire immanquablement le regard. « Je me suis inspiré du passé du lieu, explique Sara de Gouy. Il a connu de multiples vies, mais dont la principale fonction fût une filature, usine de tissage, avec différentes techniques selon les époques. La peau du comptoir est ainsi composée de plus de 1600 pièces de bois colorées ou brutes qui évoquent la forme des bobines d’autrefois. » Chaque couleur permet d’identifier le « sous-espace » : la gamme de rouge-orangé pour l’accueil et la billetterie, le jaune pour la boutique ou les bleus et verts pour le salon de thé – bar. Petite coquetterie de la designeuse, qui plaira aux plus jeunes : « Les «bobines» sont enfilées sur des tiges en acier, elles restent mobiles et peuvent être manipulées ». La boutique offre un éclectisme surprenant et agréable : livres, affiches, tirages d’art, arts créatifs, sculptures, objets de décoration, vaisselle, jeux, puzzles… Grands et petits trouveront leur bonheur.
Trois lieux pour les expositions
Au-dessous se situe le grand espace d’exposition, sur 500 m2, baigné par la lumière et dont certains endroits offrent une hauteur sous plafond de 8 mètres de hauteur. Il est géré par le fonds de dotation Christian et Martine Morin. Chaque «grande » exposition y sera exposée ici, pour une durée de sept à neuf mois. Des ateliers sont mis en place, soit autour des beaux-arts soit en lien avec les expositions en cours, soit pour les adultes, soit pour les enfants dès 6 ou 7 ans.
En face, de l’autre côté du parc, la maison de maître de 400 m2 a été rénovée et accueille deux autres espaces d’exposition d’environ 70 m2 chacun, dont les œuvres seront amenées à changer un peu plus rapidement. La première pièce offrira un espace d’accrochage « classique ». Le second espace, plus restreint, a vocation à accueillir des expositions immersives. La visite de ces deux salles est libre et gratuite.
L’étage de la « Maison du Canal » est destiné à des résidences d’artistes. Il est fermé au public. Enfin, dans le parc, un amphithéâtre de verdure a été aménagé, avec l’idée à terme de proposer des petits concerts ou du cinéma de plein air. Tout n’est pas encore défini. Les expositions sont ouvertes du mercredi au dimanche de 14h à 18h.
Cet été, deux expositions sont présentées :
L’exposition « One, two… Street Art” jusque fin décembre 2024
« One, two…Street Art. Il était une fois l’art urbain » est consacrée aux arts urbains, des origines à nos jours, des USA à la France. Cette exposition a été conçue en partenariat avec Le Musée en Herbe à Paris et Little Beaux-Arts à Lyon. Deux éditions de cette exposition ont déjà eu lieu à Lyon en 2017 et à Genève en 2020-21. Elle a été adaptée, avec l’ajout parfois d’œuvre inédite comme « L’allumeur de réverbère » de l’artiste Oakoak, réalisée in situ en 2024. Elle est accessible dès 3 ans.
L’exposition présente des œuvres de plus de 50 artistes majeurs du street art empruntées à des
galeries, des collectionneurs et aux artistes eux-mêmes. Elles permettront de découvrir les plus grands noms du mouvement depuis son origine, parmi lesquels : Taki183, Keith Haring, Cope 2, Nasty, Jerôme Mesnager, Clet, Shepard Fairey, Seth, Miss.Tic, Invader, Bordalo II, l’Atlas, JR, Vhils, Speedy Graphito, Okuda… Le parcours est organisé en 5 parties : « Entrez dans l’univers du street art : Tag, blaze et graffiti » ; « Un art vandale envahissant le métro et le train » ; « L’art dans la ville : un art ludique et engagé » ; « A chacun sa technique » et « De la rue au musée ». L’espace permet de présener des pièces originales comme cette voiture, une Opel Olympia “L” Kadet 1968 entièrement recouverte de tags par l’artiste Ikon. La hauteur autorise aussi des « mises en situation » avec des échafaudages, « instruments » nécessaires aux artistes. Une boutique est reconstituée, tout comme un intérieur de musée. Dans cette dernière partie, par exemple, vous verrez comment des artistes comme Speedy Graphito et Okuda San Miguel s’inspirent de célèbres tableaux de l’Histoire de l’art qu’ils ont revisités à leur manière.
Dans chaque partie, les enfants pourront expérimenter. Un mur de métro fictif leur permettra d’inventer leurs tags, des petites tables de manipulations permettent d’appréhender les différentes techniques représentées par les œuvres et artistes comme la mosaïque utilisée par Invader.
De plus, des livrets-jeux seront remis à l’entrée à tous les enfants, selon 2 niveaux d’âges.
L’entrée est payante, de 6€ à 4,50€/6€ et est gratuite pour les enfants moins de 7 ans.
L’art de la sieste
L’exposition » L’art de la sieste » de Fleur B est présentée dans la Maison du Canal et dans le jardin du 1er juin au 1er septembre 2024. Elle travaille sur le relâchement du corps et l’abandon pendant l’assoupissement des personnes en public. Grâce à la technique du marqueur Posca, l’artiste réalise ainsi depuis 2022 une série de portraits grands formats de dormeurs et dormeuses. Elle photographie ces personnes durant une sieste improvisée. Cette exposition propose 10 grands formats réalisés dans un style figuratif et coloré dans la Maison du Canal ainsi que des reproductions sur de grandes bâches dans le jardin de L”artsolite. Les œuvres seront accompagnées de propositions musicales et d'espaces de détente.
article écrit en juin 2024
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